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Étude

L’UE et l’Ukraine

Terra Nova poursuit le débat autour de la situation en Ukraine. Après l’analyse de Jean-Robert Jouanny sur la crise en Crimée, Joël Roman, philosophe, prolonge la réflexion sur le rôle de l’Union européenne et les modalités possibles d’action à l’approche des élections présidentielles du 25 mai.
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Après la quasi-annexion de la Crimée par la Fédération de Russie, la crise qui s’intensifie entre la Russie et l’Ukraine a profondément souligné la nécessité d’une politique extérieure commune de l’Union européenne (UE). Celle-ci a déjà commencé à prendre forme à travers l’initiative des trois pays du « triangle de Weimar », Pologne, Allemagne et France, le 20 février. Ce noyau devrait être la base à laquelle agréger d’autres Etats, en premier lieu la Grande Bretagne, mais aussi les Etats baltes, scandinaves et est-européens, en vue de construire des positions communes. Non seulement l’UE est légitime à agir dans la crise ukrainienne, mais elle doit le faire. L’accord d’association avec l’Ukraine est sur le point d’être signé et la responsabilité de l’UE est engagée au premier chef.

L’intervention de Catherine Ashton, la représentante des relations extérieures de l’UE, fut mis en cause. Or non seulement la démarche des trois pays (Pologne, Allemagne France) s’est faite avec son accord, mais elle s’est faite au nom de l’Union européenne et Catherine Ashton a repris à son compte leurs conclusions. Au lendemain du « référendum », organisé en Crimée sous la pression militaire russe, inconstitutionnel au regard de la constitution ukrainienne, l’UE doit garantir l’intégrité des frontières et la sécurité de l’Ukraine, que la Russie s’emploie à violer en favorisant les menées séparatistes en Crimée, en se préparant à agréger celle-ci à la Fédération de Russie et en favorisant une agitation sporadique en Ukraine orientale. Cela implique de prendre, comme l’a annoncé François Hollande et l’a confirmé Catherine Ashton, une série de sanctions exprimant la fermeté de sa réprobation envers cette violation caractérisée du droit international. En particulier, au delà des sanctions financières, la suspension des discussions commerciales et politiques en cours avec la Fédération de Russie est nécessaire. De même, il s’agit d’assurer l’Ukraine du soutien de l’Union européenne : soutien politique, soutien économique, soutien diplomatique et stratégique.

Lors de la signature des accords de démantèlement des armes nucléaires, en 1994 (memorandum de Budapest, signé par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Russie, rejoints par la France dans un deuxième temps), des pays membres de l’Union européenne ont été garants de la sécurité de l’Ukraine et de son intégrité territoriale, en échange de son renoncement à l’arme nucléaire. Aujourd’hui, la question de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN doit être évoquée, comme ultime moyen de pression sur la Russie pour la conduire à changer d’attitude. Il ne s’agit pas pour l’Union européenne d’être va-t-en guerre, mais de manifester la plus grande fermeté à l’encontre de la Russie, que la passivité occidentale dans la gestion de la crise syrienne a encouragée dans cette nouvelle escalade. Seuls des gestes de bonne volonté effective du pouvoir russe, comme le retrait de ses troupes de Crimée, la non-adhésion de la Crimée à la Fédération de Russie, seraient aujourd’hui en mesure de faire baisser la tension engendrée exclusivement par l’ingérence du pouvoir de Moscou dans la crise intérieure ukrainienne. Dans l’immédiat, la signature de l’accord d’association entre l’Ukraine et l’UE, annoncée pour le 21 mars par la chancelière allemande Angela Merkel et le premier ministre polonais Donald Tusk va dans le bon sens. Il est clair que la Russie doit désormais s’abstenir de toute incursion en Ukraine orientale et refuser son soutien aux éventuelles menées sécessionnistes dans cette zone.

Dans les prochains mois, l’Union européenne doit s’engager pour garantir le bon déroulement de l’élection présidentielle prévue le 25 mai prochain, en fournissant à l’Ukraine si nécessaire les moyens techniques d’organiser au mieux cette consultation, et en dépêchant en Ukraine à cette date des observateurs, conjointement avec ceux mandatés, à la demande de l’Ukraine, par l’OSCE. Dans le même temps, l’Ukraine doit s’engager à reconnaître les droits des minorités culturelles et linguistiques, notamment russes et tatars.

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