Pour sortir de la crise, combiner Keynes et Schumpeter
La politique de rigueur initiée par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, en se focalisant sur la réduction des déficits publics, oublie les conséquences du cumul des politiques d’austérité sur l’économie européenne. Selon Henri Rouilleault, il convient d’associer à une politique keynésienne de soutien à la demande et d’investissements, une politique de l’offre inspirée de Schumpeter, favorisant l’innovation, la croissance et l’emploi. Le contrôle budgétaire communautaire est nécessaire, mais n’a de sens qui s’il fait preuve de flexibilité par rapport à la conjoncture, préserve les investissements porteurs d’avenir, et s’accompagne de davantage de démocratie européenne.
Chaque grande crise déplace les choix en matière de politique économique et fait bouger les lignes de la théorie économique. Il en a été ainsi pour la crise de 1929. Les politiques de relance et le développement de la protection sociale ont prévalu, aux Etats-Unis et dans les pays scandinaves dans les années 1930, puis ont été généralisées après-guerre pendant les Trente Glorieuses. Loin des illusions sur l’équilibre spontané des marchés, John Maynard Keynes avait montré qu’il fallait que l’Etat soutienne la demande par des dépenses budgétaires et que la Banque centrale mène une politique monétaire accommodante en cas de récession. Il a aussi démontré que l’Etat et la Banque centrale devaient retrouver des marges de manœuvre budgétaire et monétaire quand la reprise s’affermit. Quels seront les effets de l’actuelle crise systémique, à la fois économique, financière, écologique, et géopolitique sur cette vision des choses ?