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Étude

Comment combattre le populisme en Europe ?

La victoire d’Emmanuel Macron a beau avoir brisé la vague populiste pour le moment, elle ne fait que limiter les effets du double tremblement de terre des votes Brexit et Trump. Les progressistes et les démocrates restent sur la défensive en Europe et dans le monde. Cette note vise d’abord à éclairer les sources du populisme d’extrême-droite, en particulier en Allemagne, en France et en Italie. Elle formule ensuite des propositions de stratégies politiques pour répondre à cette menace globale. Nous défendons l’idée qu’il existe bel et bien des moyens de regagner du terrain sur les populistes si nous sommes capables de renouveler le discours et les pratiques politiques, de susciter plus d’enthousiasme démocratique, de développer un récit positif du changement, de parler plus directement aux électeurs et d’intensifier les échanges transnationaux. Cette étude a été réalisée avec nos partenaires de Volta (Italie) et de Das Progressive Zentrum (Allemagne).
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Le populisme constitue-t-il une idéologie à part entière, dont on peut répertorier les idées au sein d’un corpus doctrinal, ou plutôt une stratégie politique adaptable à différents contextes par des partis de tous bords ? Responsables politiques, journalistes et chercheurs ne s’accordent pas sur une définition du populisme. Dans cette étude, nous suivrons la proposition de Cas Mudde, selon lequel le populisme se définit précisément dans l’entredeux, c’est-à-dire qu’il est une « idéologie faible » dont le noyau est compatible avec une multiplicité de positions politiques. Ce noyau se caractérise par la prétention d’être l’authentique, et le seul, représentant du Peuple. Il s’incarne par conséquent, dans une forme d’opposition entre le Peuple et l’establishment politique, identifié à un club d’élites déconsidérées.

Dans la mesure où cette étude examine trois types très différents de partis et de mouvements populistes, nous nous en tiendrons là en ce qui concerne les dé- finitions. De ce fait, notre approche du populisme est assez large et ne peut pas prendre en compte d’inté- ressantes contributions récentes au débat, comme par exemple celle de Frank Decker, consacrée au “nouveau populisme de droite”. De même, le travail récent de Jan-Werner Mueller, qui montre que la prétention exclusive à représenter le Peuple authentique conduit à un rejet du pluralisme démocratique, ce qui constitue le deuxième trait essentiel pour définir le populisme, ne peut pas être entièrement suivi ici, comme on le verra dans la partie consacrée à l’Italie. La critique de l’establishment constitue bien sûr une stratégie présente dans tous les courants politiques pour valoriser leur propre originalité. Mais elle ne conduit pas toujours à prétendre, comme c’est le cas dans la rhétorique populiste, qu’on est le seul légitime à parler au nom du Peuple. Lors de la récente élection présidentielle fran- çaise, presque tous les candidats, y compris Emmanuel Macron, se sont présentés comme extérieurs au « système ». Mais on peut faire la distinction entre le fait de vouloir rivaliser avec les anciens partis dans le cadre de la compétition électorale, ce qui permet légitimement de rouvrir le débat politique, et une violente critique du « système » afin de se présenter comme une victime des « élites » ou, pire, d’une sorte de complot. Il existe aussi une grande différence entre la critique des élites (qu’elle soit justifiée ou non) et la prétention à une représentation exclusive du Peuple, lequel est souvent défini de manière homogène en excluant certaines composantes de l’électorat.

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